L’Association américaine contre la torture et l’instrumentalisation de la justice dans le monde (ASTIJ) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué rendu public ce lundi, l’organisation se dit « profondément préoccupée » par la prolifération de lieux de détention clandestins à Kinshasa, où seraient commises de graves violations des droits humains, notamment des actes de torture, des viols et des exécutions extrajudiciaires.
Selon plusieurs sources relayées par l’ASTIJ, ces exactions seraient organisées et couvertes par un service de renseignement congolais appelé “Cybersécurité”, structure rattachée directement à la Présidence de la République. Ce service, décrit comme un maillon discret mais central du dispositif sécuritaire du régime Tshisekedi, agirait en marge de tout cadre légal, dans une opacité totale.
Un service parallèle au-dessus des lois ?
Créé pour lutter officiellement contre les menaces cybernétiques et la désinformation, le service de la Cybersécurité aurait, selon l’ONG, détourné sa mission pour se transformer en appareil de répression politique.
Des témoignages évoquent des enlèvements ciblés d’activistes, de journalistes et de cadres politiques critiques du pouvoir, transférés ensuite dans des sites non répertoriés.
« Ces lieux de détention échappent à tout contrôle judiciaire. On y torture, on y viole, on y exécute dans le silence », dénonce ASTIJ, qui réclame une enquête internationale indépendante et la fermeture immédiate de ces structures illégales.
Le paradoxe des “anciens réfugiés”
L’aspect le plus troublant, selon ASTIJ, réside dans le profil même de certains responsables de ce service :
« Il s’agit d’anciens réfugiés politiques congolais, devenus citoyens canadiens, qui avaient fui le pays à cause de la répression et qui aujourd’hui participent à sa perpétuation », souligne l’organisation.
Un paradoxe qui, pour l’ONG, illustre la dérive d’un système sécuritaire où les victimes d’hier deviennent les artisans de la terreur d’aujourd’hui.
Un climat d’impunité grandissant
L’affaire s’inscrit dans un contexte politique tendu en République démocratique du Congo, marqué par une recrudescence des atteintes aux libertés publiques depuis 2019.
Plusieurs organisations nationales, dont la VSV et Justicia, ont récemment dénoncé une dérive autoritaire du pouvoir, pointant du doigt la multiplication des arrestations arbitraires et des détentions au secret.
Pour l’heure, les autorités congolaises n’ont pas réagi aux accusations d’ASTIJ.
Mais selon plusieurs observateurs à Kinshasa, ces révélations risquent de relancer le débat sur la responsabilité directe de la Présidence dans la gestion opaque des services de sécurité, et de ternir davantage l’image d’un régime déjà critiqué pour sa gouvernance sécuritaire.
