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L’accord-cadre signé ce samedi à Doha entre le gouvernement congolais et l’Alliance des Forces du Changement (AFC), dont le M23 constitue le principal bras armé, marque une nouvelle phase dans les efforts de désescalade dans l’est de la République démocratique du Congo. Il ne s’agit toutefois que d’une étape préliminaire, loin de garantir un retour immédiat au calme dans la région.

Un document symbolique mais non décisif

Le paraphe de l’accord-cadre est présenté comme une porte d’entrée vers un processus plus large, appelé à déboucher sur un accord final, beaucoup plus contraignant et engageant. Les protagonistes se sont voulus prudents : si le document circonscrit les principes généraux d’un éventuel règlement, les modalités concrètes restent entièrement à définir.

“Il n’y aura ni modification de la situation sur le terrain ni aucune activité quelconque jusqu’à ce que les protocoles soient débattus, négociés, discutés l’un après l’autre jusqu’à la conclusion finale d’un accord de paix. Le chemin est encore long”, a averti Benjamin Mbonipa, représentant de l’AFC/M23, insistant sur le caractère strictement procédural de cette première signature.

Un processus en plusieurs strates

L’accord-cadre ouvre la voie à une série de protocoles thématiques – sécurité, justice, intégration, DDR, gestion territoriale – qui devront être examinés séparément avant d’être consolidés dans un texte final. Selon plusieurs sources proches du dossier, chaque protocole pourrait faire l’objet de négociations intensives, parfois sujettes à blocage.

Côté gouvernemental, la ligne reste celle d’un processus progressif et conditionné. Les autorités de Kinshasa veulent éviter toute concession trop rapide qui serait perçue comme une victoire politique ou militaire du M23.

Une signature qui intervient dans un contexte sensible

Ce pas symbolique intervient alors que la région des Kivus demeure marquée par une instabilité chronique, et que les tensions entre Kinshasa et les groupes armés restent vives. L’enjeu principal demeure le rapport de force sur le terrain, que la signature du jour ne modifie en rien — un point souligné par l’AFC/M23 elle-même.

De son côté, la présidence congolaise suit le processus avec une prudence assumée, consciente de la fragilité des engagements du M23, mais aussi de la pression régionale et internationale pour trouver un mécanisme durable de stabilisation.

Un optimisme prudent

Pour l’heure, diplomates et observateurs parlent d’un tournant “technique”, mais pas encore d’un tournant “politique”. Tout dépendra de la capacité des deux parties à transformer ce cadre général en engagements concrets — un défi qui, comme l’a rappelé Mbonipa, s’annonce “long” et semé d’obstacles.

Si la signature d’un accord final reste l’objectif affiché, la route vers la paix dans l’Est congolais demeure incertaine, dépendante tant de la dynamique militaire sur le terrain que de la volonté politique des parties impliquées.

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