Le déplacement de Félix Tshisekedi à Astana, le 9 septembre, n’était pas une simple visite protocolaire. Il illustre surtout l’ampleur d’une crise qui menace le cœur économique et politique de la République démocratique du Congo : le pillage massif des concessions minières de ERG dans le Lualaba et le Haut-Katanga.
Selon un rapport interne daté du 27 juin 2025, consulté par Africa Intelligence, des réseaux organisés siphonnent jusqu’à 3 millions de dollars par jour, exploitant à la fois le cuivre et le cobalt. Deux cartels principaux émergent de ce chaos : l’un libanais, lié à des milices et aux FARDC, l’autre chinois, soutenu par des responsables militaires et opérant via plusieurs sociétés locales.
Ce qui rend la situation explosive, c’est l’implication de membres de la famille présidentielle. Thierry, Christian, Bobo, Roger et Berthe Tshisekedi, ainsi que Christian et Joe Nyakeru, sont cités comme bénéficiaires de ce système, via des coopératives artisanales. Tous démentent, mais le doute demeure et alimente un scandale à haut risque politique.
Initialement tolérée pour financer l’effort de guerre contre le M23, cette exploitation illégale échappe désormais à tout contrôle. La Garde républicaine, censée protéger les institutions, est pointée du doigt comme étant instrumentalisée au service de ces réseaux.
Pour Kinshasa, l’enjeu dépasse largement les milliards de dollars perdus par ERG : il s’agit d’un test de crédibilité, de gouvernance et de diplomatie. Le président Tshisekedi se trouve face à un dilemme majeur : réformer un système corrompu sans fragiliser sa propre autorité, tout en rassurant les investisseurs étrangers et ses partenaires internationaux.
Le Congo, riche de ses minerais mais vulnérable à ses réseaux clandestins, se retrouve à un carrefour décisif. La manière dont cette crise sera gérée déterminera non seulement la trajectoire économique du pays, mais aussi sa stabilité politique pour les années à venir.