Le 15 décembre dernier, les autorités de Kinshasa ont interdit la marche annoncée par Jean-Marc Kabund. Prétexte invoqué : risques sécuritaires et nécessité de préserver l’ordre public. Une justification devenue automatique dès qu’une voix dissidente tente de s’exprimer dans la rue.
Pourtant, quatre jours plus tard, ce même pouvoir n’a vu aucun problème à organiser sa propre marche, le 19 décembre, dans les mêmes artères de la capitale. Plus de menace pour l’ordre public. Plus de risque sécuritaire. Le ciel s’éclaircit aussitôt qu’il s’agit d’une initiative favorable au régime.
Le constat est limpide : en RDC, le droit de manifester n’est plus un droit, mais un privilège accordé ou refusé selon l’identité du demandeur.
Quand l’opposition marche, c’est interdit.
Quand le pouvoir marche, c’est permis.
Cette sélection politique viole l’esprit même de la démocratie. La liberté de manifester, censée être un droit universel, devient un instrument de contrôle. La rue, lieu naturel d’expression populaire, est confisquée et utilisée à géométrie variable, selon les besoins du narratif officiel.
Le deux poids deux mesures n’est plus une dérive ponctuelle : c’est un mode de gouvernance. Un régime qui n’accepte la mobilisation citoyenne que lorsqu’elle lui sert perd inévitablement toute crédibilité lorsqu’il prétend défendre la liberté, la souveraineté ou la justice.
Et pour couronner cette incohérence, la marche du 19 décembre, organisée par l’Union sacrée pour soutenir la résolution 2773, s’est soldée par une mobilisation famélique. Malgré l’appareil d’État, malgré les moyens et le soutien institutionnel, la foule promise n’était pas au rendez-vous. Le pouvoir a autorisé sa marche, mais le peuple, lui, n’a pas suivi.
