À Kinshasa, l’ordre ne semble exister que lorsque le Chef de l’État ou un dignitaire étranger emprunte les avenues de la ville. Ce vendredi 21 novembre, à l’occasion de l’arrivée de l’Émir du Qatar, la capitale a brièvement changé de visage : circulation fluide, rues dégagées, sécurité maximale.

La Garde républicaine, parfaitement déployée, a démontré qu’elle pouvait restaurer en quelques minutes ce qui fait cruellement défaut au quotidien. Mais à peine les sirènes passées, l’illusion s’est effondrée : les klaxons ont repris, les embouteillages se sont reformés, le désordre urbain a repris ses droits.

Faut-il donc la venue d’un hôte de prestige pour rappeler à Kinshasa qu’elle peut être ordonnée ? Cette gouvernance de circonstance révèle une réalité troublante : l’État sait faire respecter la loi, mais choisit de ne le faire qu’en de rares occasions, souvent pour l’apparat, rarement pour les citoyens. Le contraste est brutal, presque cynique : une capitale capable de discipline mais incapable de constance, où l’autorité publique agit non par souci de service, mais par calcul d’image.

Cette gestion à géométrie variable est le reflet d’une gouvernance déconnectée des besoins réels des Congolais. Car la sécurité routière, l’ordre public et la fluidité de la circulation ne devraient pas être des privilèges réservés aux cortèges officiels.

Ils sont des droits citoyens, des indicateurs de respect, de justice et d’efficacité de l’administration. Kinshasa ne doit pas être une ville-vitrine à l’heure des protocoles, mais une ville vivable, tous les jours, pour tous. Gouverner, c’est assurer l’ordre pour le peuple, pas seulement pour les caméras.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *