À peine 48 heures après l’entérinement de l’accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda, la réalité du terrain semble contredire le discours d’optimisme affiché par Kinshasa. Dans le Sud-Kivu, la situation sécuritaire s’est brutalement détériorée, exposant une fois de plus le fossé entre les engagements diplomatiques et les faits militaires.

Uvira sous la menace : la rébellion AFC/M23 poursuit son avancée

Indifférente au processus de paix fraîchement célébré, la coalition rebelle AFC/M23 poursuit une progression inquiétante vers la ville stratégique d’Uvira. Leur présence récemment signalée à Luvungi, localité située à environ 60 km au nord d’Uvira sur l’axe RN5 Uvira – Bukavu, accentue la pression sur tout le corridor nord.

Depuis six jours maintenant, les périphéries urbaines ainsi que plusieurs villages des hauts plateaux sont soumis à un déluge de bombardements et de combats à l’arme lourde entre les rebelles et les FARDC.

La population civile, prise au piège, fuit dans des conditions dramatiques

Certains traversent la frontière rwandaise dans la précipitation, d’autres tentent de rejoindre des zones jugées plus sûres, malgré les routes coupées et les tirs croisés.

Selon des sources humanitaires et hospitalières jointes ce samedi 6 décembre, des dizaines de morts et de blessés sont déjà recensés un bilan appelé à s’alourdir alors que les affrontements gagnent du terrain autour d’Uvira.

Bombardements sur la plaine de la Ruzizi : au moins 30 civils blessés

Les localités de Luvungi, Mutarule et Sange ont été de nouveau la cible d’intenses bombardements entre hier et aujourd’hui.

Des sources médicales affirment que plusieurs tirs, opérés par des drones, ont été lancés par l’AFC-M23.

Le bilan provisoire fait état d’au moins 30 blessés graves admis à l’hôpital de Sange, parmi lesquels des enfants, des femmes et des hommes touchés dans leurs maisons ou lors de leurs déplacements.

Les équipes médicales décrivent une situation alarmante : aucune assistance humanitaire d’urgence, structures de santé saturées, moyens insuffisants face à l’afflux de victimes.

Villages conquis par les rebelles : un front qui s’élargit

Plusieurs sources locales confirment que les villages de Rubarika, Kangabiro et Katogota, dans le territoire d’Uvira, sont tombés ce samedi sous contrôle d’AFC/M23. Une avancée stratégique qui renforce la pression sur Uvira et remet en question la capacité des FARDC à stabiliser le front malgré l’accord diplomatique signé à Washington.

Un contraste frappant avec les annonces officielles

Alors que le président Félix Tshisekedi a été accueilli à Kinshasa dans une ambiance de célébration après l’accord de Washington, la réalité du terrain renvoie une tout autre image :

aucune accalmie, intensification des bombardements, gains territoriaux rebelles, désastre humanitaire en expansion.

Cette détérioration rapide de la situation pose une question centrale :

Où se trouve le “triomphe” annoncé par Kinshasa si, 48 heures plus tard, les populations du Sud-Kivu subissent l’escalade la plus violente depuis des mois ?

L’accord de Washington face à l’épreuve du terrain

Au Sud-Kivu, les faits parlent plus fort que les signatures. L’accord de paix, censé ouvrir une voie de désescalade, n’a pour l’instant produit aucun effet tangible sur le terrain. Les populations, elles, n’attendent pas les communiqués : elles fuient, se cachent, ou meurent.

Et pendant que l’administration congolaise évoque une « victoire diplomatique », le front d’Uvira rappelle brutalement que la paix ne s’impose pas par proclamation, mais par des résultats visibles et vérifiables.

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