Le Rwanda a procédé, ce 3 décembre, à la fermeture du poste-frontière de Kamanyola, dans le Sud-Kivu. Kigali justifie cette décision par la volonté « d’éviter toute infiltration sur son territoire », selon une source administrative locale. Cette mesure intervient dans un contexte explosif, alors que la zone demeure secouée par une recrudescence des affrontements entre forces congolaises et groupes armés.

Côté congolais, des dizaines de civils qui tentaient de traverser vers le Rwanda se retrouvent bloqués sur la partie RDC du poste-frontière, sans perspective claire d’un retour à la normale. Les autorités locales tentent tant bien que mal d’encadrer la foule et de prévenir tout mouvement de panique.

Un front en ébullition

La fermeture de Kamanyola survient alors que les combats se sont intensifiés ces dernières 48 heures dans la chefferie de Kaziba, la plaine de la Ruzizi et les collines surplombant Kamanyola. Des échanges de tirs nourris ont opposé les FARDC, appuyées par des groupes d’autodéfense locaux, à des éléments du M23 et aux milices alliées présentes dans la zone.

Dans la nuit de lundi à mardi, des bombardements et affrontements au sol ont été signalés dans plusieurs localités. Des sources sécuritaires font état d’un bilan encore provisoire de plusieurs civils tués, dont des enfants, ainsi que de nombreux blessés. Plusieurs infrastructures écoles, habitations et lieux de culte auraient été partiellement détruites.

Les combats se concentrent notamment autour de positions stratégiques en hauteur, dont certaines collines qui dominent la plaine de la Ruzizi. Le contrôle de ces points constitue un enjeu militaire majeur, expliquant la violence des affrontements.

Population prise au piège

Pour les habitants de Kamanyola, la fermeture de la frontière vient aggraver une situation déjà critique. Les mouvements de population sont quasiment impossibles :
• impossible de traverser vers le Rwanda,
• dangereux de fuir vers les villages environnants en raison des combats,
• absence d’accès à une aide humanitaire structurée dans l’immédiat.

La panique est palpable dans plusieurs quartiers, où les familles se terrent depuis deux jours, redoutant une nouvelle escalade.

Vers un nouveau foyer de tension régionale ?

La frontière de Kamanyola, habituellement un point de passage très fréquenté, se transforme désormais en zone tampon sous tension, au moment même où les relations entre Kigali et Kinshasa connaissent une dégradation accrue. Les autorités congolaises dénoncent régulièrement l’implication du Rwanda dans le soutien au M23, ce que Kigali continue de nier.

Alors que les combats se poursuivent et que le poste-frontière reste fermé, les acteurs humanitaires redoutent une dégradation rapide de la situation, tant sur le plan sécuritaire que humanitaire.

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