Le couperet du ministère de l’Intérieur congolais continue de s’abattre sur l’opposition. Après les suspensions du PPRD de Joseph Kabila et de l’ATD, ce sont désormais trois autres partis membres du front « Sauvons la RDC » qui se retrouvent dans le viseur du pouvoir : le LGD de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, l’AAP de Théophile Mbemba et le parti « Piste pour l’Émergence » de Seth Kikuni.
Dans des arrêtés rendus publics le 28 octobre 2025, le Vice-Premier Ministre Jacquemin Shabani motive ces décisions par des « manquements graves » constatés chez les leaders de ces partis. Une formule vague, mais politiquement lourde : il leur est notamment reproché leur participation au Conclave de Nairobi tenu les 14 et 15 octobre, où ils ont pris part au lancement du mouvement « Sauvons la RDC », aux côtés du PPRD.
Plus encore, les autorités vont jusqu’à accuser ces partis de « collusion » avec Joseph Kabila, « condamné à mort pour trahison » par la haute cour militaire.
Une dérive autoritaire assumée ?
Ces suspensions en cascade alimentent une crainte grandissante : celle de voir la démocratie congolaise se rétracter sous la pression d’un pouvoir qui privilégie l’outil administratif à la confrontation démocratique. À mesure que le climat politique se crispe, des voix s’élèvent pour dénoncer une tentative de réduction méthodique au silence de toute opposition structurée.
La participation des partis suspendus au Conclave de Nairobi, plateforme de concertation politique, est désormais traitée comme un acte de subversion. Pourtant, au lieu de renforcer le débat, le régime Tshisekedi semble opter pour l’exclusion.
Quelle opposition pour quelle démocratie ?
L’exclusion du jeu politique de formations majeures, comme le PPRD, pose une question de fond : comment envisager des élections inclusives et crédibles dans un climat où les opposants sont traités comme des ennemis ? Où les opposants sont considérés comme des rebelles ? Au point de feindre même le dialogue inclusif tant réclamé comme la seule solution pour la sortie de crise. Cette logique renie non seulement l’opposition, mais aussi les fondements de l’État de droit.
La communauté nationale et internationale, jusque-là prudente, est désormais appelée à observer avec plus de fermeté ce tournant préoccupant.

