Destinée à relancer les efforts pour stabiliser la région des Grands Lacs et soutenir la réponse humanitaire à l’est de la RDC, ce 30 octobre à Paris, la conférence organisée par la diplomatie française s’est ouverte en l’absence notable des dirigeants rwandais, ougandais et burundais.
Alors que Félix Tshisekedi a fait le déplacement, Paul Kagame, Yoweri Museveni et Évariste Ndayishimiye ont choisi de ne pas participer. Une absence qui renforce l’image d’un paysage diplomatique fragmenté et complique les perspectives de dialogue régional.
Une rencontre au format fragilisé
Paris souhaitait afficher un leadership diplomatique renouvelé en réunissant les partenaires internationaux et africains sur le dossier congolais. Mais sans les principaux voisins de Kinshasa, directement impliqués dans la dynamique sécuritaire régionale, le sommet prend des allures de plateforme de plaidoyer plus que de véritable négociation politique.
Un diplomate africain résume :
« Sans les acteurs régionaux, c’est un exercice utile mais incomplet. Le cœur de la crise reste absent de la table. »
Tshisekedi, seul en scène
La présence du président congolais lui offre une tribune internationale, mais l’isole aussi face aux chancelleries occidentales. Si Kinshasa y voit une opportunité de renforcer le soutien international contre les groupes armés, certains analystes mettent en garde contre un risque : transformer un conflit régional en dossier externalisé, sans engagement des voisins.
Encadré : Ce que dit l’AFC – Paris doit aller au-delà de l’humanitaire
Dans un message diffusé en marge de la conférence, l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), plateforme politique associée au M23 de Corneille Nangaa, critique une approche centrée sur l’assistance humanitaire.
L’AFC estime que :
• La priorité doit être la sécurité, non les seuls appels de fonds humanitaires
• Les services sociaux (santé, éducation, eau, électricité, habitat) sont impossibles « sans sécurité »
• Kinshasa montrerait selon elle une contradiction entre un discours de paix et des opérations militaires
• La communauté internationale resterait silencieuse face à :
• des bombardements visant des zones habitées
• le blocus imposé par l’armée burundaise au Sud-Kivu
• les violences persistantes en Ituri et à Beni
L’AFC appelle la France à exiger un cadre sécuritaire et judiciaire clair, estimant que :
« Sans sécurité, pas de dignité, pas de paix, pas de développement ».
Un sommet utile, mais aux résultats limités
La conférence de Paris met en lumière la volonté de Paris de se repositionner dans la région des Grands Lacs.
Mais l’absence des trois voisins clés de la RDC souligne une réalité
La paix dans l’est du Congo ne pourra être négociée ni sans Kigali, Kampala et Bujumbura ni contre eux.
Si la réunion a permis de mobiliser l’attention internationale, le défi reste entier : convertir la solidarité humanitaire en engagement politique régional, condition indispensable à une sortie de crise durable.
