Le gouvernement congolais a décidé, lors du 64ᵉ Conseil des ministres du vendredi 24 octobre, de faire du Programme Excellentia une initiative nationale. Désormais rebaptisé « Excellentia RDC », ce programme de bourses d’excellence sera financé par l’État et réservé aux meilleurs lauréats de l’Examen d’État, c’est-à-dire ceux ayant obtenu au moins 80 % de moyenne.

Sur le papier, la démarche semble noble : encourager l’excellence académique et offrir aux jeunes talents congolais des opportunités à la hauteur de leurs ambitions. Présenté par la ministre de l’Enseignement supérieur, Marie-Thérèse Sombo, le projet vise à orienter les bourses vers des filières jugées stratégiques pour le développement du pays.

Mais derrière ce vernis méritocratique, une zone d’ombre subsiste — et elle n’est pas anodine. Le programme Excellentia a d’abord été une initiative privée de la Fondation LONA, portée par Denise Nyakeru Tshisekedi, l’épouse du président Félix Tshisekedi. En institutionnalisant ce projet familial, le gouvernement s’expose à des critiques de népotisme et à un dangereux mélange des genres entre initiative privée présidentielle et politique publique nationale.

Cette absorption d’un programme privé dans le giron de l’État soulève plusieurs questions :
• Le gouvernement a-t-il évalué les autres initiatives existantes dans le domaine des bourses avant de choisir celle-ci ?
• Quels mécanismes garantiront la transparence et l’équité dans l’attribution de ces bourses ?
• Et surtout, l’État ne risque-t-il pas de devenir le financeur d’un projet perçu comme prolongement de la Première Dame ?

L’intention d’encourager l’excellence reste louable. Mais en l’absence de garde-fous clairs, cette décision pourrait transformer une belle idée en symbole de confusion entre pouvoir public et intérêts privés — un risque d’autant plus sensible dans un pays où la gouvernance reste un défi majeur.

En s’appropriant Excellentia, le gouvernement semble dire : « Ce qui vient de la famille présidentielle est désormais affaire d’État. »
Un glissement dangereux, à la fois politique et éthique.

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