Alors que le système des Nations unies célèbre, ce 24 octobre 2025, ses 80 ans d’existence, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) reste au cœur d’un débat complexe : son rôle dans la pacification de l’Est congolais, après plus de deux décennies de présence.

Une mission née de la guerre

Créée en 1999 sous le nom de MONUC, la mission a été rebaptisée MONUSCO en 2010, avec un mandat élargi : passer du simple maintien de la paix à la protection des civils et à l’appui à la stabilisation du pays.
Directement placée sous l’autorité du Secrétariat général de l’ONU, elle intervient dans les provinces les plus instables, notamment le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.
Son mandat lui permet de travailler en partenariat étroit avec les autorités congolaises pour renforcer la sécurité, appuyer les institutions et contribuer à la consolidation de la paix.

Une présence toujours cruciale dans l’Est

Depuis plus de 20 ans, la MONUSCO reste un acteur clé dans une région où les groupes armés locaux et étrangers continuent de semer la terreur.
“Nous sommes sur le terrain, organisons des patrouilles permanentes, de jour comme de nuit, seuls ou avec la police et les FARDC”, explique Jean Tobie Okala, chargé de la communication stratégique et de l’information publique de la MONUSCO à Beni et Bunia, dans un entretien à Actu26.com.
Selon lui, malgré les défis persistants, “les progrès sont réels” grâce aux efforts conjoints des forces onusiennes et congolaises.

Proximité avec les civils et actions communautaires

Au-delà de la sécurité, la mission développe un travail de proximité avec les communautés locales:
“Nous sensibilisons les populations, renforçons les capacités des acteurs étatiques et organisons des dialogues intercommunautaires pour encourager la résolution pacifique des conflits”, précise Okala.
Pour lui, la paix durable ne dépend pas uniquement des armes, mais aussi du changement des mentalités.
La MONUSCO soutient également des projets d’infrastructures et des dons de matériel à l’État congolais, dans le but de renforcer sa présence dans les zones fragiles.

Le retour des déplacés : un défi humanitaire

Face aux vagues de déplacements causées par les violences, la mission appuie le retour volontaire des populations dans leurs villages d’origine.
“Quand la paix revient, les gens veulent simplement rentrer chez eux pour revivre normalement”, confie Okala.
La MONUSCO assure la sécurisation des zones de retour, condition essentielle à la réinstallation durable des déplacés.

Entre méfiance et désinformation

Malgré son rôle, la mission a souvent été prise pour cible. En 2022, des manifestations violentes à Goma, Butembo et Beni avaient entraîné la mort de 3 casques bleus et 12 civils.
“Ce n’était pas le peuple congolais, mais des jeunes manipulés par les ennemis de la paix”, soutient Okala, dénonçant les campagnes de désinformation orchestrées contre la mission.
Il appelle les habitants de l’Est à “ne pas céder aux rumeurs, ni aux discours de haine”.

“Nous ne soutenons aucun groupe armé”

Face aux accusations récurrentes de collusion, la MONUSCO se veut claire :

“Nous ne collaborons avec aucun groupe armé. Nous n’armons ni ne soignons les rebelles. Nous sommes ici pour aider l’État à ramener la paix”, conclut Jean Tobie Okala.

Alors que le retrait progressif de la mission se poursuit dans certaines provinces, la question de son héritage reste entière : celui d’une présence controversée mais indispensable, dans un pays où la paix demeure une conquête quotidienne.

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