Face à la lenteur de la justice et à l’absence d’une juridiction militaire locale, la Nouvelle Société civile congolaise (NSCC) alerte sur le sort de dizaines de détenus oubliés dans la prison centrale de Mambasa.
Plus de cent détenus croupissent dans la prison centrale de Mambasa, en Ituri, sans avoir jamais comparu devant un juge. Une situation que dénonce la Nouvelle Société civile congolaise (NSCC), qui pointe du doigt l’absence d’une juridiction militaire permanente dans ce territoire enclavé du nord-est de la RDC.
Dans une correspondance adressée, lundi 20 octobre, à la coordonnatrice du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, la NSCC — une structure qui fédère plus de 800 organisations locales — évoque un « abandon des justiciables » et réclame la tenue d’audiences foraines pour désengorger la prison.
Des conditions carcérales alarmantes
Selon la NSCC, plus de 500 personnes sont détenues dans des conditions jugées « inhumaines », dont environ 150 prévenus identifiés comme justiciables.
La plupart d’entre eux, souligne-t-elle, ont largement dépassé le délai légal de détention préventive, en violation de l’article 19 de la Constitution congolaise, qui garantit à tout citoyen le droit d’être jugé dans un délai raisonnable.
« C’est une violation grave du droit fondamental à un procès équitable », s’indigne la NSCC, rappelant que certains détenus relèvent de la juridiction militaire instaurée sous l’état de siège, censée être plus réactive.
Un plaidoyer pour la justice de proximité
La société civile plaide pour l’organisation d’audiences foraines trimestrielles par le tribunal militaire de garnison de Bunia, en attendant l’installation effective d’une juridiction locale à Mambasa.
« Nous demandons au Bureau des Nations unies d’appuyer financièrement la tenue de ces audiences, afin de garantir le respect des droits humains et de désengorger les prisons », écrit la NSCC.
Pour l’organisation, un tel appui constituerait un geste d’humanisme et un signal fort en faveur de la protection des droits fondamentaux dans une province toujours marquée par l’instabilité sécuritaire et judiciaire.
