Ce matin, des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR) ont fait irruption à la résidence de l’opposant Théophile Bemba avant de l’arrêter et de l’emmener vers une destination inconnue.
L’alerte a été donnée sur X (ancien Twitter) par le député Claudel Lubaya, figure respectée de l’opposition parlementaire, qui dénonce un “acte arbitraire” et “une dérive d’État”.
Une scène qui rappelle les pratiques d’un autre temps, où la force remplaçait le droit et où la peur tenait lieu de gouvernance.
Un scénario tristement familier
Selon plusieurs sources concordantes, aucun mandat n’a été présenté lors de l’arrestation de Théophile Bemba, cadre politique connu pour ses positions critiques envers le gouvernement.
Les agents de l’ANR, agissant en civil, auraient bouclé son quartier avant de le conduire vers un lieu tenu secret.
Ce modus operandi – arrestation brutale, absence de procédure, disparition temporaire – porte la marque d’un appareil sécuritaire resté inchangé malgré les promesses de rupture.
Sous Félix Tshisekedi, le discours officiel parle d’“État de droit” et de “gouvernance humaniste”.
Mais la réalité, elle, montre une justice à géométrie variable : clémente envers les puissants, implacable envers les voix dissidentes.
L’affaire Bemba n’est pas un accident ; elle s’inscrit dans une série de harcèlements politiques visant les acteurs de la société civile et les opposants depuis plus d’un an.
Quand l’ANR devient un État dans l’État
Créée pour protéger la sécurité nationale, l’ANR agit aujourd’hui en dehors de tout contrôle démocratique.
Ses interventions, souvent nocturnes, se multiplient à mesure que la tension politique monte à Kinshasa.
De Seth Kikuni à Salomon Idi Kalonda hier, et désormais Théophile Bemba aujourd’hui, le scénario se répète : arrestations, détentions illégales, interrogatoires sans avocat, libérations sans procès.
Ces méthodes rappellent le spectre d’un État sécuritaire où le renseignement remplace la justice, et où la peur devient un outil de gouvernement.
Or, la peur n’a jamais construit une nation – elle la détruit de l’intérieur.
L’arbitraire, un poison persistant
En dénonçant cette arrestation, Claudel Lubaya a trouvé les mots justes : “L’arbitraire a encore la peau dure.”
Oui, il résiste – parce qu’il sert.
Parce qu’il permet à ceux qui gouvernent de faire taire, d’intimider, d’effacer ce qu’ils ne peuvent convaincre.
Mais chaque fois qu’un citoyen est arrêté sans droit, c’est la République elle-même qu’on humilie.
La liberté, ce n’est pas un privilège, c’est une ligne rouge
Si le gouvernement veut prouver qu’il n’a rien à cacher, qu’il libère immédiatement Théophile Bemba ou le traduise devant un juge compétent.
Pas demain, pas après-demain — aujourd’hui.
La démocratie congolaise ne survivra pas à la banalisation de la peur.
Et si l’État de droit n’est qu’un slogan, alors les geôles de l’ANR resteront le seul parlement où les opposants peuvent encore s’exprimer — dans le silence.
