Bruxelles – Kinshasa.
C’est une onde de choc qui traverse la diaspora congolaise en Europe. Dans une lettre adressée au Procureur fédéral de Belgique, un collectif de citoyens congolais tire la sonnette d’alarme et dénonce « le pillage systématique » des ressources minières de la République Démocratique du Congo (RDC) par des ressortissants belges et des proches du pouvoir de Kinshasa.

L’initiative, soutenue par plusieurs ONG katangaises, s’inscrit dans la continuité d’une plainte déposée à Bruxelles. Au cœur de cette dénonciation : des soupçons graves de corruption, blanchiment d’argent et détournement de fonds publics impliquant des membres de la famille présidentielle congolaise, tous détenteurs de la nationalité belge.

Quand le cuivre du Katanga alimente les comptes en Belgique

Selon les signataires, ces agissements portent atteinte non seulement à la souveraineté économique de la RDC, mais aussi aux principes fondamentaux du droit belge.
« La Belgique ne peut pas continuer à servir de refuge ou de plaque tournante pour le détournement des richesses du Congo », insistent-ils, rappelant les obligations du Royaume en vertu des conventions internationales contre la corruption.

Les dénonciateurs exigent du Parquet fédéral l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante et approfondie visant à identifier et poursuivre toute personne impliquée – individus ou entreprises – dans le circuit du pillage minier.
Ils appellent également au gel et à la confiscation des avoirs illicites présents sur le territoire belge, issus de la commercialisation du cuivre, du cobalt, du coltan ou encore de l’or congolais.

Des noms au cœur de la tourmente

La plainte des ONG katangaises mentionne explicitement neuf membres du clan Tshisekedi :
Denise Nyakeru, l’épouse du président Félix Tshisekedi, ainsi que plusieurs de ses frères et proches parents, dont Jean-Claude, Roger, Thierry et Christian Tshisekedi, ou encore Joe-Christian Nyakeru.
Tous sont accusés d’avoir participé à des opérations financières opaques via des sociétés-écrans et des comptes bancaires ouverts en Belgique.

Les signataires disent détenir « un faisceau d’indices graves, précis et concordants » transmis sous forme de rapports et documents d’enquête, déposés auprès du Parquet fédéral.

La Belgique face à ses responsabilités historiques

Pour les auteurs de la dénonciation, le dossier revêt une dimension éthique et historique.
Ancienne puissance coloniale, la Belgique se trouve désormais interpellée sur sa responsabilité dans la persistance de réseaux économiques qui profitent du chaos congolais.
« Bruxelles ne peut pas, d’un côté, prêcher la bonne gouvernance et, de l’autre, fermer les yeux sur les flux financiers douteux qui transitent par son système bancaire », commente un membre du collectif.

Un appel à la justice transnationale

Au-delà du cas congolais, cette plainte interpelle la justice belge sur sa capacité à faire respecter le droit, même lorsque les auteurs présumés appartiennent aux cercles du pouvoir.
Le collectif se fonde sur le principe de compétence universelle limitée et les obligations internationales de lutte contre la corruption, estimant que la Belgique a juridiquement la possibilité – et moralement le devoir – de se saisir du dossier.

« La RDC ne doit pas rester le théâtre d’une prédation permanente », conclut le texte, dans un ton ferme mais résolument confiant dans « l’impartialité du Parquet fédéral belge ».

Entre Bruxelles et Kinshasa, la bataille de la transparence ne fait peut-être que commencer.

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