Selon des sources diplomatiques, Cyril Ramaphosa aurait mis en garde le président congolais contre les conséquences d’une éventuelle exécution de Joseph Kabila, condamné à mort par contumace.
« Une partie du problème de Tshisekedi est que Kabila reste plus populaire que lui », glisse un haut responsable africain.
Derrière cette confidence, une mise en garde lourde de sens : le président sud-africain Cyril Ramaphosa aurait averti Félix Tshisekedi qu’exécuter son prédécesseur pourrait déclencher un coup d’État violent.
Pretoria tente d’éteindre l’incendie
L’avertissement aurait été transmis lors de la visite de Tshisekedi en Afrique du Sud, le mois dernier. Objectif : réconcilier deux figures congolaises dont la rivalité menace la stabilité régionale.
Mais deux semaines plus tard, Kinshasa condamnait Joseph Kabila à mort par contumace, pour crimes de guerre, trahison et collusion avec le M23.
À Pretoria, la décision a provoqué la stupéfaction.
Trois sources proches du gouvernement sud-africain confirment que la présidence tente désormais d’obtenir un compromis politique, craignant une flambée de violence.
« Nous pensions que Tshisekedi avait compris les risques », souffle un diplomate. « Ce verdict a été vécu comme une trahison des discussions de paix à l’Union Building. »
Un procès explosif
Le 30 septembre, un tribunal militaire de Kinshasa a reconnu Kabila coupable et l’a condamné à verser 33 milliards de dollars de réparations à l’État et aux provinces du Nord et du Sud-Kivu.
En exil — probablement entre l’Afrique du Sud et d’autres lieux tenus secrets — l’ancien président a dénoncé une “tragi-comédie judiciaire” orchestrée par une “dictature”.
Le fantôme de Kabila plane toujours
Vingt ans après son arrivée au pouvoir, Kabila conserve des réseaux puissants : des clientèles politiques enracinées, un contrôle sur des concessions minières clés et une influence réelle dans l’armée.
« Le danger, c’est qu’une exécution fasse de lui un martyr », avertit un analyste.
« Dans un pays où les loyautés militaires restent fragiles, cela pourrait rallumer le feu. »
Justice ou théâtre politique ?
Bien que la RDC ait levé son moratoire sur la peine de mort, aucune exécution n’a été menée depuis 2003.
Pour de nombreux observateurs, cette condamnation relève plus de la stratégie politique que de la justice pénale.
Human Rights Watch a d’ailleurs mis en garde contre un « risque d’escalade et de fracture sociale », au moment où Washington, Doha et Pretoria multiplient les efforts de médiation.
La diplomatie sud-africaine sur la corde raide
Ramaphosa, appuyé par la SADC, s’efforce d’éviter une nouvelle crise régionale.
L’équipe juridique de Kabila prépare un recours devant la Cour de cassation, invoquant un procès inéquitable et l’absence de représentation légale.
Selon nos sources, Pretoria envisagerait d’accueillir un sommet trilatéral entre Tshisekedi et Kabila dans les prochaines semaines.
« L’exécution est inenvisageable », affirme un diplomate. « Un exil avec amnistie, en revanche, reste sur la table. »
Le crépuscule congolais
Alors que le M23 continue de patrouiller dans un Nord-Kivu meurtri, le spectre de la potence de Kabila plane sur Kinshasa.
Pour Tshisekedi, consolider le pouvoir passe par la neutralisation de ses rivaux.
Pour Ramaphosa, éviter une tempête régionale devient une urgence diplomatique.
Et dans les couloirs feutrés de la diplomatie africaine, où les poignées de main masquent souvent les couteaux tirés, une question demeure :
la raison prévaudra-t-elle avant que l’encre du verdict ne se transforme en sang ?
